Lorsque la famille De Sutter a repris e5 fashion en 2021, elle a résolument opté pour la durabilité, dans tous les sens du terme. Auparavant, il y avait eu des projets ad hoc ici et là, mais pour les nouveaux propriétaires, la durabilité de l’entreprise est devenue une priorité dans leur stratégie. Il était temps de mettre en place un plan d’action.
Depuis la fin de l’année 2023, vous pouvez trouver le résultat de cet exercice sur le site web d’e5 : le programme refive. Celui-ci couvre tous les grands enjeux éthiques de la mode : fournisseurs, matières premières, émissions de gaz à effet de serre, consommation d’eau, recyclage, durée de vie et surconsommation des vêtements.
Un plan ambitieux dont nous avons parlé avec Liesbet Bombeke, responsable du développement durable chez e5.
Dans le programme refive, vous parlez d’amélioration de la qualité. Ne craignez-vous pas l’impact sur les ventes si vos vêtements durent beaucoup plus longtemps ?
Bombeke : « Non, car la qualité a toujours été une question importante pour e5. Les gens portent de la mode pour se sentir bien, et de préférence dans un vêtement de qualité. Mais une nouvelle saison apporte aussi de nouvelles tendances, et tout le monde aime acheter quelque chose de nouveau pour une occasion spéciale ou simplement pour se faire plaisir.
Nous mettons l’accent sur la longévité des vêtements que nous vendons. Chaque vêtement devrait pouvoir être porté plus souvent et plus longtemps. Qu’il s’agisse du premier propriétaire ou d’un nouveau propriétaire. Si vous ne l’aimez plus ou s’il ne vous va plus, transmettez-le ou rapportez-le à e5 lors des journées Refive que nous organisons chaque saison en collaboration avec Oxfam. Pour un vêtement de qualité, une deuxième, voire une troisième vie est possible. Si votre vêtement tombe en ruine après seulement deux lavages, ce n’est évidemment pas le cas. Et c’est précisément là que nous pouvons faire la différence.
D’ailleurs, nous disposons également d’un service de retouches et de réparations dans chaque boutique e5. Nos clients peuvent ainsi profiter de leurs vêtements encore plus longtemps. De plus, nos retouches et réparations sont effectuées une à une par des retoucheurs locaux. »
Si vous jetez un coup d’œil sur le site web d’e5, vous constaterez qu’aujourd’hui, environ 12 % des produits pour femmes portent un label durable. Pour les hommes, ce chiffre n’est que de 6 %. Comment ces chiffres s’intègrent-ils dans votre stratégie de développement durable ?
« C’est principalement parce que nous voulons faire disparaître ces labels. Au lieu d’avoir une collection séparée, sur laquelle nous collons ensuite un label et c’est fini, nous voulons rendre l’ensemble de la collection durable.
Dans la pratique, c’est déjà le cas aujourd’hui. Pour les hommes, par exemple, ce chiffre semble faible, mais en réalité notre propre collection est déjà pour 86% composée d’au moins trois quarts de matériaux naturels. Lorsque l’on arrive à ces chiffres, un filtre ou un label n’a plus de sens.
Néanmoins, l’appel est là. Lorsque nous menons des enquêtes, les gens demandent souvent un label. Mais nous voulons nous prémunir contre l’écoblanchiment. Actuellement, chaque entreprise peut décider elle-même de ce qui est « durable » et pour une marque, une pièce est « durable » si elle est composée de 10 % de matériaux recyclés, alors que pour nous, le pourcentage doit être beaucoup plus élevé (au moins 55 %).
Au lieu de cela, nous choisissons de détailler dans nos descriptions de produits les matériaux utilisés et de préciser si d’autres mesures ont été prises pour rendre le produit plus durable, par exemple en réduisant la consommation d’eau. Grâce à ces informations, nos clients peuvent décider en toute connaissance de cause s’ils trouvent un produit suffisamment durable.
Bien sûr, en tant que consommateur, vous devez faire un peu plus d’efforts. Penser un peu plus avant de faire ses achats. Mais la durabilité sera toujours une question de compromis et ces compromis sont différents pour chacun. »
Avez-vous des conseils à donner aux acheteurs de produits durables ?
« Évidemment ! Optez pour quelques essentiels intemporels et prenez-en soin. Vous pouvez ensuite varier votre look et capitaliser sur les tendances avec des pièces supplémentaires amusantes et à la mode.
Nous comprenons bien qu’il n’est pas facile d’échapper à la société de consommation. Après tout, nous en faisons partie nous-mêmes. Seuls, en tant qu’acheteurs individuels, nous ne changerons pas l’économie mondiale. Mais nous pouvons chacun déplacer quelques pierres dans la rivière pour qu’elle finisse par couler différemment.»